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Transports et emploi : le jugement sévère de la Banque mondiale sur les villes subsahariennes

« Les villes doivent rendre l’emploi plus accessible. En Afrique, elles échouent à le faire », écrit la Banque mondiale dans un rapport consacré à l’urbanisation en Afrique subsaharienne.

Très coûteuses, denses — 50% des Abidjanais vivent à trois par pièce —, et en forte croissance. Dans un rapport datant du jeudi 9 février,  la Banque mondiale se montre critique quant à la situation des 472 millions d’Africains qui vivent en ville.

Mais l’Institution financière insiste particulièrement sur l’état des transports, dont elle estime qu’il ne permettra pas d’absorber les 187 millions d’habitants supplémentaires attendus dans ces villes d’ici 2025. Un milliard, si l’on prend en compte l’explosion démographique à venir dans certaines villes de moins de 800 000 habitants aujourd’hui : Abomey-Calavi au Bénin par exemple, Bangui en Centrafrique ou Bouaké en Côte d’Ivoire.

« Dans huit des onzes villes passées en revue sur ce sujet, le foyer moyen ne pouvait pas s’offrir un aller-retour par le réseau de minibus informel [parmi les moyens de transports les plus utilisés avec le vélo et la marche à pied] », écrivent ainsi les auteurs du document de 200 pages.

Pire, alors qu’elles constituent des espaces très fragmentés, les villes africaines consacrent une faible part de leur territoire à des routes, qui vont en diminuant au fur et à mesure qu’on s’éloigne des centres-villes.

L’emploi peu accessible

Deux conséquences immédiates et récurrentes découlent de cette pénurie de moyens de transports rapides et à bas coût. Primo, la part des transports assurée à pied ou en vélo demeure majoritaire dans les villes africaines, au côté des moyens motorisés informels comme les taxis « clandos » de Dakar ou Libreville qui acheminent sur de très courtes distances pour quelques dizaines de F CFA. Deuxio, l’accès aux emplois est rendue d’autant plus complexe.

« Les villes doivent rendre l’emploi plus accessible. En Afrique, elles échouent à le faire », tance ainsi le rapport. Ainsi à Nairobi, où les propriétaires de voiture peuvent accéder à 90% des emplois offerts dans la ville en une heure, alors que les usagers des matatus − ces fameux minibus ornés de graffitis et roulant au rythme du dernier tube à la mode −, n’ont accès qu’à 5% des emplois après 45 minutes de transports.

Pourtant, la situation n’est pas immuable. Pour preuve, une politique aléatoire de subventions aux transports, mise à l’essai à Addis-Abeba et rappelée par la Banque mondiale, avait eu pour conséquence de faire monter significativement dans les quartiers les plus éloignés des poches d’activité.