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Stratégie logistique : Les transporteurs pressent le gouvernement

Lors d’un événement de l’ISTL le 25 septembre à Casablanca, les transporteurs sont revenus à la charge pour accélérer l’application du plan stratégique.
Les transporteurs et logisticiens insistent sur le volet formation de cette feuille de route pour huiler toute la chaîne de valeur.

«Si l’industrie marocaine est peu compétitive, c’est en partie à cause des surcoûts liés à la logistique». C’est en substance le constat dressé par les transporteurs routiers de marchandises et les logisticiens. Encore une fois, la profession appelle le gouvernement à accélérer la mise en oeuvre de la stratégie nationale de développement de la compétitivité logistique dont la mise en application a pris un retard d’un an.

«La stratégie nous permettra d’aller dans le sens d’un allégement des coûts de la logistique et partant une amélioration de la performance des entreprises. Aujourd’hui, après l’installation de l’Agence marocaine de développement de la logistique, il va falloir réviser certains de ses objectifs chiffrés parce qu’entre-temps plusieurs donnes ont changé», affirme Mohamed Talal, président de la commission de la logistique au sein de la CGEM et patron de la Voie express. Pour lui, l’indexation décidée récemment par le gouvernement, si elle n’est pas accompagnée de mesures concrètes, ne permettra jamais aux opérateurs, notamment les transporteurs, de massifier leurs parcs puisque naturellement leurs coûts vont s’envoler. «La solution est entre les mains du gouvernement. Nous ne demandons pas l’impossible. Ce que nous voulons, c’est essentiellement l’institution de la notion du gasoil professionnel.

Ce qui nous permettra de compenser les effets de l’indexation et de maintenir nos tarifs clients. De toute façon, nous allons voir dans le projet de loi de Finances 2014, si le gouvernement introduira ou pas nos propositions», lance Talal. Pour sa part, Abdelilah Hifdi, président de la Fédération marocaine de transport, a insisté sur le poids de l’informel dans le secteur. «L’informel est notre bête noire. Il pèse 70% et tire ainsi la profession vers le bas. La mise en œuvre de la stratégie de développement de la logistique devrait résorber l’informel en encourageant les opérateurs à se structurer et intégrer le formel. C’est pour cela que nous avons la volonté d’accélérer aujourd’hui son application», développe Hifdi qui s’exprimait lors de la cérémonie de remise des diplômes aux lauréats de la promotion 2013 de l’Institut supérieur de transport et de logistique (ISTL) le 25 septembre à Casablanca.

Le patron de la FNT a tout de même encensé la stratégie (2010-2015) surtout son volet formation. «Cet axe de la stratégie nationale de logistique est considéré comme la pierre angulaire du dispositif de mise à niveau. Et à mi-parcours, je peux vous dire que le bilan est au-dessus des objectifs assignés», assure-t-il. Pour lui, l’axe formation est prioritaire dans la mise en œuvre de cette feuille de route.
C’est d’ailleurs pourquoi deux conventions seront signées lors de l’évènement. La première, liant l’ISTL et l’Union internationale des transports routiers (IRU), porte sur l’accréditation exclusive de l’ISTL pour la formation des managers certifiés IRU.
«Cette convention revêt une importance fondamentale pour la filière logistique au Maroc dans la mesure où l’IRU ne conventionne qu’un seul établissement par pays et son choix est une reconnaissance de l’excellence de l’Institut», indique Hifdi.

Quant à la seconde convention, signée avec le Conservatoire national français des arts et métiers (CNAM), elle s’articule autour de trois axes : le premier concerne le développement des formations, du Bac au Bac+5. Le deuxième porte sur la mise en place d’équipes de recherche en partenariats, l’échange d’enseignants-chercheurs, le soutien à la recherche doctorale et le développement de brevets communs, ainsi que la publication de communications communes. Enfin, le troisième axe a trait à la diffusion de la culture scientifique et technique à travers l’organisation de conférences thématiques.

Trois questions à :Younes Tazi

Directeur général de l’Agence marocaine de développement de la logistique

«Trois contrats d’application seront signés dans les mois qui viennent»

Le Matin : Dix mois après son installation, où en est l’AMDL dans la concrétisation des contrats d’application régionaux de la stratégie logistique ?
Younes Tazi : Nous avons déjà le contrat de Casablanca qui a été signé le même jour de l’annonce de la stratégie en 2010. Aujourd’hui, depuis le démarrage des activités de l’AMDL fin 2012, nous sommes en train de travailler sur les autres contrats d’application qui devront concerner les différentes régions. C’est un chantier sur lequel nous sommes très bien avancés et nous avons l’espoir, au terme de la phase de concertation qui est en cours avec les partenaires privés, de les signer dans les mois qui viennent. Il s’agit des régions d’Agadir, Rabat-Kénitra et Tanger-Tétouan. Dans la foulée, nos équipes mènent aujourd’hui un travail colossal pour constituer les monographies logistiques de l’ensemble des régions du pays de manière à achever le plus rapidement possible cette phase qui comprend également la planification régionale et la réservation du foncier des zones logistiques pour des besoins jusqu’à 2030.

L’Agence est aussi un dispositif de régulation du secteur. Qu’en est-il de ce chantier ?
La production des textes juridiques fait évidemment partie des missions dévolues à l’AMDL à travers la proposition au gouvernement d’un certain nombre de textes législatifs, réglementaires ou encore normatifs. À cet effet, au sein de l’organigramme de l’Agence, il y a des structures dédiées, dont la Direction de la réglementation et de la normalisation. Actuellement, nous sommes en train d’identifier les domaines où il y a un manque juridique. Aujourd’hui, en termes de normes et de règlements spécifiques, qu’il s’agisse de stockage ou de normes de construction logistique, nous menons un travail à l’international pour pouvoir nous inspirer des modèles existants et pouvoir ainsi mettre en place des normes marocaines. Quant aux normes qualitatives pour l’axe formation, il y a des outils très importants que nous développons actuellement. Je citerais notamment l’élaboration d’un référentiel des emplois et des compétences pour le secteur de la logistique. Bien sûr, au fur et à mesure de l’avancement de la stratégie de développement de la logistique avec l’ensemble des partenaires, des adaptations juridiques et réglementaires peuvent apparaître et nécessiteraient, du coup, l’intervention de l’Agence. Certaines de ces adaptations peuvent toucher l’aspect de la logistique urbaine ,c’est-à-dire tout ce qui est règlementation des stockages en ville, la circulation de certains flux et certains types de véhicules dans les villes. L’Agence se positionne donc comme force de proposition et dès qu’il y a consensus entre les acteurs concernés sur un aspect donné, nous essayons de traduire ce consensus en actions concrètes.

Y aura-t-il des changements dans l’approche financement ?
L’approche retenue dans le contrat programme est une approche de partenariat public-privé dans laquelle il y a un partage des rôles, mais aussi un partage des financements entre l’État et les partenaires privés, parfois même des montages mixtes au niveau de l’aménagement des zones. L’État apporte le foncier à un prix attractif et incitatif pour les opérateurs privés et développe la connectivité qu’elle soit routière, autoroutière ou ferroviaire. Il peut aussi réaliser certains aménagements préliminaires et d’envergure au niveau de la zone à aménager. Mais après, c’est avec un relais au niveau du privé et des investisseurs que commence la préparation de la plateforme qui drainera les opérateurs intéressés par la logistique et par l’immobilier logistique. Il s’agit donc de schémas qui sont rodés à l’international, mais qu’il faudra aujourd’hui préparer et implémenter au Maroc avec bien évidemment un montage financier spécifique à chaque projet.

Source : Le matin

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