Seul le tiers du foncier est mobilisé
60% du coût de la logistique, c’est le transport
Grâce à la plateforme de TangerMed, le Maroc logistique sort la tête de l’eau. Mais le défi est autrement plus grand : contribuer de 20 milliards de DH au PIB à l’horizon 2015, créer 36.000 emplois, réduire de 35% le CO2, en décongestionnant les villes.
QUEL sens donner au bond que le Maroc a fait, de la 94e en 2007 à la 50e place mondiale cette année, dans l’Indice de la performance logistique de la Banque mondiale? Certains opérateurs du secteur s’en réjouissent encore, feignant d’oublier que c’est grâce à la seule plateforme de Tanger-Med. Or, la stratégie de développement de la compétitivité logistique, lancée en 2010, peine à se mettre véritablement en place. Toujours les mêmes slides, les mêmes discours et promesses.
Mercredi 25 septembre, à l’occasion de la cérémonie de remise des diplômes des lauréats de l’Institut supérieur du transport et de la logistique (ISTL), le directeur général de l’Agence de la logistique (AMDL), Younes Tazi, a eu du mal à convaincre. Seulement le tiers du foncier nécessaire au déploiement du réseau national des zones logistiques (Zenata et Mita) est mobilisé. A Rabat, Kénitra, Tanger, Tétouan et Agadir «on est en phase d’élaboration des schémas régionaux des zones logistiques», avoue Tazi. C’est pas mieux pour les autres régions «le lancement en cours des monographies logistiques»! Voilà, en gros, l’état d’avancement de la stratégie.
Or, la logistique est l’un des poids lourds de notre économie. Sur le papier, en tout cas. L’objectif étant de réduire l’impact des coûts de la logistique de 20% du PIB actuellement à 15% à l’horizon 2015. Les objectifs de la stratégie sont clairs: mise à niveau du secteur pour réduire le coût logistique, contribuer à la croissance économique et réduire les effets environnementaux. Du point de vue opérationnel, elle se structure autour de trois niveaux: amélioration des infrastructures, notamment des zones logistiques, pour favoriser la massification et l’optimisation des flux; amélioration des services par une mise à niveau des opérateurs et développement d’un plan national de formation. Pour faire face à tous ces défis, la stratégie s’accompagne d’une poursuite du processus de libéralisation et d’une amélioration de la réglementation. Sachant que le transport de marchandises par route est soumis à une forte concurrence en matière de prix, caractérisée par un tarif moyen en deçà du prix de revient, notamment dans le transport informel, pour compte propre. Elles sont plus de 25.000 entreprises de transport routier de marchandises avec «plus de 70% ne possédant que 1 à 2 camions», regrette le président de la Fédération marocaine du transport et de la logistique (FMTL), affiliée à la CGEM, Mohamed Talal. Et une soixantaine d’entre elles seulement dispose d’un parc de 20 camions et plus.
Le deadline, compromis par les deux années de retard, pris dans le déploiement de la stratégie, va coûter des points de PIB. Aujourd’hui, les opérateurs économiques, autant qu’ils sont, savent, et le disent, le transport et la logistique sont des opérations hautement stratégiques pour les entreprises quelle que soit leur taille. Mohamed Talal l’expose tel un credo à toutes les tribunes: «en réduisant les coûts logistiques, les délais d’approvisionnement et de livraison, ces opérations sont en effet en mesure d’améliorer significativement leur compétitivité». De plus en plus, en tout cas, les entreprises se recentrent sur leur corps de métier. Elles sous-traitent la composante transport-logistique dans un souci constant de réactivité et de qualité. D’autant plus que ces activités se professionnalisent, en s’appuyant sur une main-d’œuvre de mieux en mieux formée, même si le secteur compte toujours une majorité d’emplois peu qualifiés.
Source : Leconomiste