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Transport routier Les professionnels réclament une indexation de leurs tarifs sur le carburant

Les faits : Deux semaines après la publication de l’arrêté ministériel fixant l’indexation des prix du gasoil, du super et du fuel, les transporteurs routiers réclament une loi de péréquation permettant d’indexer les tarifs des transports sur les prix à la pompe.

«Indexer les prix des carburants, oui, mais sans casser la croissance du secteur !» C’est en substance la réaction des transporteurs routiers, suite à la décision du gouvernement d’indexer les prix des carburants (gasoil, super, et le fuel industriel) sur les cours internationaux. Pour le président de la Fédération marocaine de transport et de la logistique (FMTL), Mohamed Talal, si l’on venait à l’appliquer, l’indexation sèmerait «la pagaille» dans un secteur déjà en proie à l’informel. «Le transport routier a déjà encaissé l’augmentation du tarif du gasoil de 1 dirham en application depuis plus d’un an et demi. C’est une hausse que les opérateurs n’ont, jusqu’ici, pas répercutée sur leurs tarifs clients. Ce qui va se passer après la mise en œuvre de l’indexation, c’est qu’une bonne partie des opérateurs qui ne pourront pas augmenter leurs tarifs vont devoir intégrer l’informel pour compenser.

Ce dernier représente déjà 60% de l’activité», s’inquiète le patron de la Voie Express. Résultats des courses, les professionnels ne pourront plus amortir leurs parcs dans cinq ou six ans. «La suite, tout le monde la connaît : des véhicules vétustes circuleront sur nos routes, ce qui augmenterait le nombre d’accidents de la circulation», prévient Talal. Il faut dire que la décision du gouvernement de revenir au système de l’indexation a mis la puce à l’oreille des opérateurs qui déterrent aujourd’hui un vieux dossier : l’indexation des prix du transport sur les cours du baril de pétrole.

«C’est une proposition que nous avons soumise au gouvernement il y a belle lurette. Aujourd’hui, avec cette nouvelle décision, nous demandons à ce que l’équipe Benkirane s’assoie avec nous autour de la table pour en discuter les contours», réclame Talal. Selon son explication, il ne s’agit pas d’inventer la roue, mais de faire comme la France en 2006, lorsque dans la loi de Finances, avait été intégrée une loi de péréquation qui permet d’indexer les tarifs des transports sur les cours des carburants. À en croire le président de la FMTL, la formule marche très bien et profite à tout le monde dans l’Hexagone. «L’équation est simple : quand il y a augmentation du carburant, les opérateurs s’alignent en augmentant leurs tarifs. Et lorsqu’il y a baisse des cours, tout le monde baisse ses prix», développe Talal. Pour lui comme pour d’autres opérateurs interrogés, si le gouvernement ne met pas en place des mesures d’accompagnement, il va falloir s’attendre au pire : «une anarchie dans les tarifs de transport, sans oublier le fait que beaucoup d’entreprises basculeront dans l’informel, alors que les opérateurs bien structurés devront appliquer des tarifs mirobolants.

Et c’est le client final qui va payer les pots cassés». Selon une analyse de la Direction des études et des prévisions financières, le secteur souffre de plusieurs anomalies structurelles dont une atomicité des opérateurs avec une prédominance des TPE et PME, ainsi que de l’informel. Autre problème selon Talal, c’est que même les transporteurs les mieux structurés devraient trouver des difficultés à répercuter les hausses des prix du gasoil sur leurs tarifs, puisque généralement ils font des factures clients au bout de chaque mois. «Nous ne pouvons pas établir des factures clients tous les 15 jours par exemple, c’est insensé !», lance un transporteur ayant requis l’anonymat.
«Pratiquement tous les opérateurs structurés ont stoppé leurs programmes d’investissements depuis plus d’un an. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un coup d’œil sur l’état des ventes des poids lourds notamment les semi-remorques», certifie Talal.

Le transport routier de voyageurs connaît le même scénario, à en croire un opérateur. «Si le parc d’autocars est vétuste, c’est parce que les transporteurs n’ont plus de marges pour investir. Imaginez que depuis 1997, année où l’État a fixé les tarifs pour ce secteur, les transporteurs de voyageurs n’ont pas changé leurs tarifs d’un iota. Et il faut savoir qu’à cette époque le litre de gasoil valait 4 dirhams. Aujourd’hui, il est de 4 dirhams à la pompe et il va augmenter encore à la suite de l’indexation. Il faut que le gouvernement dicte en parallèle des mesures d’accompagnement sinon plusieurs opérateurs vont être obligés de mettre la clé sous la porte», estime le même opérateur.

Pour rappel, un arrêté du chef du gouvernement a été publié au Bulletin officiel du 29 août. Le texte prévoit une répercussion bimensuelle sur les prix à la consommation, à la hausse ou à la baisse, des fluctuations des cours internationaux dépassant 2,5% du prix de vente. Selon le même arrêté, cette indexation partielle des prix aura lieu le 1er et le 16 de chaque mois.

Source : Le matin

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